Fight Night : Champion, Rocky bat le boa

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Avec cette cinquième itération de l’ultime simulation de boxe, EA donne un nouveau souffle aux jeux de combat et aux simu sportive à la fois, avec un mode principal complètement scénarisé (c’est-à-dire qui raconte une histoire)…

Il était une fois mon poing dans ta gueule

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Andre Bishop, après son sacre olympique.
J’aime bien les simu sportive, mais je peux difficilement m’éclater en rédigeant leurs critiques qui tournent forcément autour de détails plus ou moins pointus et pas spécialement intéressants. Heureusement, Fight Night Champion a pour fer de lance son mode « Champion », d’où cet incroyable titre, qui se propose de raconter l’histoire d’un boxeur, sur et en dehors du ring. Attention que les choses soient claires, n’y voyez pas là la possibilité de jouer directement une armoire à glace qui se tape des groupies et qui est invité à la télé, les seules fois où on dirige notre ami André Bishop, c’est lorsqu’il est sur le ring. Pour le reste, c’est de la cinématique et ça reste assez conventionnel, en fait. Mais le trip est là et l’idée remarquable : On nous raconte une histoire avec un début, une fin, des rebondissements, dans un jeu où l’on ne fait simplement que boxer. C’est un peu un rêve qui se réalise, celui de voir évoluer un style de jeu à travers l’implémentation d’une narration. Moi qui adore ça, qui veut de vraies histoires partout dans ses jeux pour être transporté, touché, au lieu d’être pris pour un neuneu qui ne pense qu’à tirer, courir, sauter sans que ça ne soit jamais justifié autrement que par un vague prétexte et le critère fun de la chose.

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La qualité graphique est irréprochable.
Ce qui est cool dans ce mode c’est qu’en plus de mettre en scène les combats, ils leur donnent des rebondissements qui influent directement sur notre façon de jouer. Par exemple boxer avec une main cassée, ne pas utiliser les coups au corps parce que l’arbitre a été acheté et les jugera comme coups bas etc. On est souvent dans une configuration de match à handicap histoire de mettre un challenge supplémentaire. Le seul petit problème à ça, ou non, selon votre degré d’appréciation, c’est que les duels donnent parfois l’impression d’être « scriptés » au dépend du réalisme : Un boxeur réputé pour avoir un crochet gauche tonitruant donne par exemple l’impression d’avoir des pouvoirs surnaturels dans son gant capables de nous envoyer au tapis dès qu’il effleure n’importe quelle partie de notre corps avec, même le coude… Le coup de la main cassée oblige à se battre d’un seul bras et l’adversaire n’y voit pourtant que du feu… Le combat final pour le titre de champion a des allures d’affrontement contre un boss de fin abusé, et j’en passe. Ca ne fait pas très simulation malgré un gameplay toujours exigeant et nécessitant un touché technique. Potentiellement critiquable, on est par ailleurs obligé de recommencer un combat perdu pour jouer l’histoire comme les développeurs le veulent, de façon très dirigiste. Ca peut se comprendre mais ils auraient largement pu être plus malins et permettre différents chemins et pourquoi pas proposer plusieurs fins, on est quand même dans un jeu de boxe, pas dans un jeu d’action-aventure fourni où les façons de perdre sont ultra nombreuses… D’autant que ce mode scénario ne dure vraiment pas bien longtemps (6 heures à tout casser).

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de bleus

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Les scènes hors combat officiels aident beaucoup à l’immersion.
On incarne donc Andre Bishop, boxeur noir américain pour qui on nous a évité le cliché du type rageur sorti tout droit du ghetto, mais c’est peut-être le seul cliché évité. D’entrée de jeu on se fritte en combat amateur pour la médaille d’or de ce qu’on imagine les jeux Olympique, accompagné de notre fidèle entraîneur (cliché du coach de boxe, vieux à la voix cassé et à l’indévissable casquette) et de notre jeune frère lui aussi boxeur (cliché du jeune naïf au style gangsta). S’en suit l’entrée dans le monde impitoyable de la boxe pro où l’on croise le cliché du promoteur véreux, manipulateur et malhonnête, la fille magnifique sous le charme du héros et réciproquement et elle aussi dans le milieu de la boxe (bizarrement ils ne finissent pas ensemble et ne s’embrassent même jamais), ou encore le mauvais garçon surpuissant au physique et aux tatouages qui le placent d’entrée comme le cliché de l’antagoniste de base pur connard arrogant… Même quand Bishop passe 5 ans en taule de façon injuste il faut qu’il en sorte en cliché de taulard, blindé de tatouages et avec une masse musculaire doublée (de quoi passer en poids lourd à son inévitable retour, surtout qu’on tape sur du skin au pénitencier pour garder la main…). Bon je me moque mais j’ai quand même apprécié cette histoire un peu désuète, ne serait-ce que pour la grande première qu’elle offre dans un type de jeu habituellement très conventionnel.

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Isaac Frost, l’ultime homme à abattre.
Et oui car il est indéniable qu’avoir construit une histoire autour de l’ascension sportive d’un personnage est bien plus immersif que tous les modes « Carrière » du monde de tous les jeux de sport où la progression se fait sans âme, sans histoire, juste avec une succession de matchs. Bien souvent dans les jeux du genre, voir dans les modes solo des jeux de combats, je me fais ma propre petite histoire dans ma tête en imaginant tout ce que mon/mes avatars peuvent vivre en dehors du terrain, c’est pour dire. Et du coup le vrai mode carrière de FN Champion (appelé mode « Palmarès ») devient vite obsolète, on peut certes créer son propre avatar et le faire évoluer avec entraînements, sponsoring, points d’XP et compagnie (ça n’a pas bien changé depuis FN 3 et 4) mais je n’ai pas réussi à me plonger dedans, trop chiant, menus trop austères, après le mode « Champion » ça n’avait plus d’intérêt pour moi. C’est un peu con car en plus ce mode « Champion » n’utilise que des personnages fictifs alors que le jeu compte 50 boxeurs sous licence (dont, toujours, les légendes Ali et Tyson), réservés aux autres modes. Reste quand même le combat immédiat entre potes et le online, toujours agréables. Mais bon, ça aurait quand même été plus malin de fusionner le mode « Palmarès » et le mode « Champion » si vous voulez mon avis (et vous le voulez, vu que vous lisez ma critique…). J’espère qu’ils ne mettront pas quatre Fight Night de plus avant de le proposer comme le veut la tradition des nouveautés EA Sports (une belle et grosse nouveauté mais pas trop poussée et seulement tous les 3, 4 ans)…

Toujours au sommet de la simulation de boxe malgré une accessibilité légèrement accrue, c’est surtout le mode scénarisé qui offre un nouveau tournant dans la série des Fight Night en offrant une immersion géniale et inédite et qui, je l’espère, sera précurseur pour les jeux de sports et de combats à venir. J’applaudis l’initiative telle une otarie.

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