Dead Space Extraction, le rail vers l’enfer

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Après une sortie remarquée sur PS360, Dead Space arrive désormais sur Wii avec un gameplay totalement revisité et une histoire précédant celle du jeu originel.

Tu prendras bien un rail ?

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Et tout ça à cause de ce gros caillou rouge…
L’année passée, Visceral Games créait la surprise sur PS360 avec une toute nouvelle IP, Dead Space, leur sympathique jeu action-horror. Et plutôt que de tenter une impossible conversion vers la Wii, le studio a choisi d’y développer une préquelle, de manière exclusive, sous la forme d’un Rail Shooter. Immédiatement, on se dit que le rail shooter, ça fait un peu vieillot comme concept. Et effectivement, ça l’est ! Pourtant, l’efficacité du genre se démontre ici une nouvelle fois, bien aidé il est vrai par la maniabilité si particulière de la console. De plus, le choix d’un rail shooter offre, paradoxalement, plus de libertés aux développeurs pour nous embarquer dans leur histoire, sans subir les contraintes d’une technologie quelque peu has been. Enfin, et j’en finirais là avec ma plaidoirie pour défendre ce genre, le rail shooter est sans doute l’arme idéale pour plonger le joueur dans un univers angoissant. Un peu comme dans un train fantôme duquel on ne peut descendre et où on ne peut ni ralentir, ni accélérer. En d’autres termes, on est embarqué ! Maintenant que vous êtes convaincu à quel point le rail shooter peut être génial (car vous l’êtes, non ?), vous voilà fin prêts à entendre à quel point Dead Space Extraction est l’un des titres majeurs de cette machine.

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J’suis pas forcément fan du design des nécromorphes… mais l’idée de devoir les démembrer est géniale.
Comme dit ci-avant, Extraction précède, scénaristiquement parlant, Dead Space. J’imagine donc que je ne spoilerais personne en vous disant que tout va partir en couilles et que des gens vont mourir par poignées entières. Après tout, quand Isaac arrive sur l’Ishimura dans Dead Space, c’est déjà bien le bordel. Pourtant, ce n’est pas sur ce majestueux vaisseau que l’histoire débute, mais sur la colonie minière Aegis VII. On y dirige un mineur ayant pour tâche de veiller au bon chargement d’un monolithe d’origine inconnue, façon 2001 l’Odyssée de l’espace en plus biscornu, que les adeptes de l’Unitologie (la religion ayant connue la plus forte et la plus rapide progression d’adeptes de l’histoire de l’humanité) veulent ramener sur Terre via l’USG Ishimura. Bien sûr, le chargement se passe extrêmement bien, le monolithe est ramené sur Terre, les mineurs se réunissent autour d’un banquet pour faire la fête ; une fête au cours duquel notre héros rencontre alors une jeune femme avec qui il passera le reste de sa vie dans un bonheur total entouré de multiples bambins. Happy End !

En ballotage

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Oh regarde, le test de Dead Space Extraction est sur Polygamer… vite, imprime-le !
Non bien entendu, ça n’étonnera personne de savoir que c’est à partir du moment où ils cherchent à bouger ce gros rocher rouge tout tordu que la situation devient incontrôlable (Dès que c’est le bronx quelque part, c’est toujours la faute des religieux n’empêche !) : Les collègues mineurs se mettent à tuer d’autres collègues et très vite ça devient un véritable carnage sur la colonie minière. Mais je n’en dirais pas plus sur l’histoire car, si elle s’avère relativement classique, empruntée aux différentes sagas science-fictionnesques tel que Alien ou… euh Alien, celle-ci se pare de quelques petites astuces dans la narration que je préfère vous laisser découvrir par vous-mêmes (certains sites en parlent dans leurs tests mais pour ma part je trouve ça dommage de gâcher la surprise). Toujours est-il que très vite, vous allez vous retrouver nez à nez avec des légions entières de Necromorphes, ces monstres qui se nourrissent de cadavres pour muter et qui, d’un point de vue personnel, ne ressemblent pas à grand-chose esthétiquement parlant, mais s’avèrent redoutables lorsqu’ils attaquent en bande (ces lâches !). Et du nécromorphe vous allez en bouffer ! A toutes les sauces, sous toutes les formes. Pour ça, vous disposerez d’un arsenal conséquent, composé d’armes très classiques comme le simple flingue, le lance-flamme ou le fusil d’assaut, mais aussi d’armes plus originales comme le cutter plasma ou le trancheur qui vous permettront de découper chirurgicalement les membres de vos ennemis. Chacune de ces armes est upgradable, si tant est que vous puissiez récupérer les upgrades disséminés ça et là à l’écran… et parfois particulièrement bien cachée.

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Hummm que faire ? Vais-je tout droit pour mourir dans un ascenseur ou à droite pour mourir dans une pièce moins exiguë.
Car le problème d’un rail shooter, c’est que ça bouge beaucoup. Si la vue à la première personne et le réticule de visée laisse penser à un FPS, le fait d’être sur un rail permet de simuler les mouvements du joueur de manière plus réaliste que n’importe quel jeu de ce genre, y compris Mirror’s Edge. Cela rappelle d’ailleurs par beaucoup ces films d’horreur, très à la mode depuis quelques années, filmés caméra à l’épaule. Du coup, si cette caméra reste relativement fixe lorsqu’il s’agit de dézinguer des ennemis (encore heureux), il n’en est rien de la progression dans les niveaux. Dès lors, récupérer munitions et divers bonus et informations s’avère par moment particulièrement ardu… d’autant plus qu’ils sont parfois cachés derrière un conduit de ventilation qu’il faudra au préalable détruire. Toutefois, si la plupart du temps le joueur sera guidé par le jeu, il lui arrivera dans sa grande bonté, de lui laisser quelques libertés. Ainsi, certains passages proposeront le choix entre deux directions à suivre et, de temps à autre, le joueur s’arrêtera et aura la possibilité de balader son regard dans tous les coins de la pièce pour récupérer diverses infos et munitions. C’est relativement peu, mais c’est toujours bon à prendre.

Armé d’un couteau suisse

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Vu ta sale gueule, j’aurai pu m’abstenir de faire de la lumière… ça m’aurait évité bien des cauchemars.
Malgré ce peu de libertés donnés aux joueurs dans leurs déplacements, Extraction multiplie les bonnes idées de gameplay. Il ne s’agit en effet pas seulement de déplacer son réticule à l’écran à la manière d’un Duck Hunt spatial. Ainsi, chaque arme est doté d’un tir secondaire, aux effets variables, qui s’utilise simplement en basculant la wiimote sur la tranche. Par exemple, si le cutter plasma vous permettra de découper des membres à la pelle, en l’inclinant vous pourrez alors souder différentes pièces afin de créer un barrage de fortune pour bloquer les légions de nécromorphes à vos trousses. Bien sûr, l’utilisation de ce poste à soudure est limitée puisque utile seulement dans les moments déterminés par le scénario, mais d’autres tirs secondaires pour d’autres armes seront beaucoup moins scriptées et beaucoup plus utiles encore. On retrouve également tous ces détails de l’histoire, transmis au moyen de texte ou de vidéos, chers au premier titre ou à Bioshock, ainsi que le hud très spécifique et holographique de ce qu’on peut d’ores et déjà appeler la « série » Dead Space. Enfin, il reste quelques détails comme cette lampe luminescente qu’il faut secouer pour pouvoir éclairer la zone alentour d’un inquiétant halo de lumière verdâtre ou ces circuits imprimés qu’il faut tracer à l’écran pour réparer ascenseurs ou autres sas automatisés pendant que les nécromorphes continuent inexorablement de vous assaillir.

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Vous croyez que votre pote militaire et armé va tirer sur les nécromorphes pendant que vous réparez l’ascenseur pour lui sauver les miches ?! Bah tiens !
C’est d’ailleurs l’un des points pénible du jeu. Car contrairement à Dead Space où le joueur est seul la plupart du temps, ici vous êtes quasiment tout le temps accompagné d’un ou plusieurs compagnons d’infortune. Pourtant, et malgré le fait que l’un d’entre eux (au moins) est un militaire aguerri (un officier même), jamais vous ne serez aidé lorsqu’il s’agira d’éliminer les vagues d’ennemis. On se demande donc bien à quoi peuvent servir les flingues dont s’arment vos équipiers. Comme si c’était le moment de se dire objecteur de conscience ! De plus, le fait de n’être pas seul offre au titre de très nombreuses lignes de dialogues qui, si elles sont excellentes et toujours parfaitement dans le ton du récit, effacent quelque peu l’angoisse qu’on pouvait espérer avoir avec un tel titre. Dès lors, si le jeu est très ambiancé et nous propose un univers très plaisant, il ne nous fera quasiment jamais peur et c’est bien dommage (à moins d’être une chochotte comme Loky, pour ceux qui nous lisait sur feu Xbox-Attitude). Alors certes, c’est un peu dommage, mais cela ne change finalement pas grand-chose au fait que Dead Space Extraction est un titre essentiel dans la ludothèque de la Wii qui, plus que jamais, se pose comme une console technologiquement à la ramasse, mais offrant une vision du jeu vidéo qui diffère radicalement de ses concurrentes… ce qui, finalement, est plutôt une bonne chose, non ?

Le choix du rail shooter ne plaira forcément pas à tout le monde. Toutefois si vous n’y êtes pas allergique, vous découvrirez un jeu haletant, pas forcément très flippant, mais très ambiancé, bourré de bonnes idées et maitrisé de bout en bout.

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