Byousoku 5 centimeter, la Love Story sauce nippone

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L’animation japonaise ne tourne pas qu’autour de Miyazaki et des studios Ghibli. C’est ce que tend à prouver Makoto Shinkai avec son fabuleux 5 centimètres par seconde.

1 amour – 3 histoires

001-828.jpgCinq centimètres par seconde. Ce serait la vitesse à laquelle chutent les pétales de cerisiers au Printemps… des pétales semblables à ces flocons de neige, qui tombent en masse sur le Japon et perturbent la circulation des trains. Takaki est dans l’un d’eux, ou plutôt plusieurs d’entre eux. Il tente tant bien que mal de revoir Akari, son amie d’enfance qui a déménagé six mois plus tôt. Il souhaite la revoir une dernière fois pour lui avouer ses sentiments, avant de partir à son tour, vivre sur l’île de Tanegashima au sud du Japon.

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Au Japon comme ailleurs, lorsqu’il neige, c’est la merde sur le réseau ferroviaire.
Au travers de trois court-métrages, Essence de fleurs de cerisier, Cosmonaute et 5 centimètres par seconde, ce film retrace le parcours du jeune garçon, à trois âges différents, confronté aux problèmes de la relation à distance.
Byousoku 5 centimeter est donc une histoire d’amour, mais au sens noble du terme. Ici, on n’est pas en présence d’une énième romance à l’eau de rose, fleur bleue à souhaits, débordants de clichés et de bons sentiments. Non, il se dégage de ce film une certaine poésie, baignée dans une mélancolie incommensurable, tant dans le propos, que les dialogues ou les images. Des images qui fourmillent d’ailleurs de vie et de détails.

C’est beau à en pleurer, que ça soit dans le graphisme, les couleurs ou les animations. Les plans sont toujours très judicieux et le montage sert l’ambiance du film plutôt que de nous provoquer des crises d’épilepsie à répétition comme il est coutume de le faire dans la réalisation moderne.

Essence de fleurs de cerisier

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Esthétiquement, le film est juste magnifique.
Le premier des trois courts-métrages, revient sur l’enfance des deux protagonistes, alternant entre flashback et temps présent, où le héros doit avoir aux alentours de quinze ans.
L’essentiel de l’action se déroule alors dans les trains qui emmènent Takaki vers celle qu’il aime. Des trains pris dans le blizzard, qui feraient passer la SNCF pour une entreprise ponctuelle.

Tour à tour, le jeune héros est animé par l’espoir et le désespoir. L’espoir de la revoir, de lui avouer ses sentiments. Et le désespoir de devoir partir à l’autre bout du Japon, de la louper à cause d’un trafic ferroviaire plus que capricieux, qui semble vouloir faire obstacle à leur amour.

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L’amour par correspondance.
Dans ce premier volet, il est amusant de voir comme les époques peuvent jouer sur les relations. L’absence de téléphone portable notamment, qui ne devait alors pas encore exister (ou alors trop marginalisé pour atterrir dans les mains d’un collégien), complique énormément la situation de Takaki. Aujourd’hui, si vous êtes bloqué dans un train alors que quelqu’un vous attend à l’arrivée, un coup de téléphone et c’est réglé. Sans, le doute s’installe et les ennuis commencent. Ça m’a rappelé ma jeunesse, cette époque aujourd’hui révolue où tout était à la fois plus compliqué, mais quelque part aussi plus simple.

Cosmonaute

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Kanae est vraiment touchante.
Dans le second court, Takaki est un jeune lycéen accompli sur l’île de Tanegashima, sorte de Kourou japonaise d’où s’élancent les fusées spatiales nippones. Malgré une gentillesse apparente qu’il affiche en toutes circonstances, Takaki est distant, comme absent, et passe son temps sur son téléphone portable, à envoyer des messages.

Kanae est une jeune fille originaire de l’île, qui aime le surf et est éperdument amoureuse de Takaki. Tous les soirs, elle reste au lycée et se cache près du local à vélo, pour surprendre le jeune garçon sortant de son club de tir à l’arc, et rentrer avec lui en scooter. Toutefois, s’il obsède chacune de ses pensées, elle n’arrive pas à trouver le courage pour lui confesser ses sentiments. Cela pèse sur sa scolarité, et notamment sur ses choix d’orientation pour la suite de ses études. Takaki, lui, prévoit de rentrer à Tokyo…

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Les rêves de Takaki sont l’occasion d’images surnaturelles particulièrement belles.
Baigné dans une atmosphère bien différente du premier court, ne serait-ce qu’au niveau de la météo (tempête de neige contre grand soleil), cette suite introduit le sempiternel triangle amoureux cher aux japonais, qui semble d’ailleurs très classique aux premiers abords. La jeune Kanae est particulièrement charismatique, au point qu’on ne peut que ressentir de l’empathie pour elle et se désoler de son manque d’assurance qui l’empêche de révéler au héros l’amour qu’elle lui voue.

5 Centimètres par seconde

007-391.jpgDans le dernier des trois courts, on retrouve Takaki, jeune adulte mélancolique vivant à Tokyo. Un simple employé de bureau comme il en existe des millions, taraudé par des questions existentielles suite au rêve qu’il a fait la nuit passée.

Ce troisième épisode tranche complètement avec les deux autres, car on y suit le héros, errant sans but précis, semblant faire son introspection par voix off interposée. Et puis, brusquement tout s’accélère, une chanson se met en branle et avec elle, un clip où s’entremêlent les images des événements passés et présents. Certains sont des plans déjà vus dans les deux précédents court-métrages, d’autres sont nouveaux et viennent éclaircir les zones d’ombres restantes. Puis vient la courte scène finale qui en laissera plus d’un sur sa faim. Diverses interprétations peuvent en être faites, mais plus que le message ou la situation qui y est dépeinte, c’est sa soudaineté qui est quelque peu dérangeante, car elle tranche avec le rythme lent de l’animé. Surtout, on en vient à se questionner sur l’intérêt de ce troisième épisode qui, finalement, pourrait très bien se résumer au simple clip vidéo et à la scène qui suit, tant les divagations qui en ont occupé les deux-tiers du temps, n’ont eu d’utilités.

Bref, si la fin en soi ne m’a pas déçu, ce troisième court-métrage m’aura tout de même laissé une impression plus mitigée que pour les précédents, tous deux excellents. Il n’en reste pas moins une œuvre, dans sa globalité, assez magique. Une belle histoire d’amour pleine de poésie, comme on les aime…

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