Bioshock Infinite, la nalyse

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Bioshock Infinite est-il un jeu de commande qui a été conçu avant tout dans l’optique de vendre des jeux exploitant un nom désormais bien connu ?

La nalyse n’est pas systématiquement raccord avec l’actu, elle n’est pas objective, ce n’est pas une fiche technique, elle ne fait pas de détails ou en donne tout plein selon l’humeur, elle n’est pas faites pour influencer tes achats de consommateur fou parce qu’elle n’en tirerait aucun intérêt, elle est juste écrite pour te faire partager mes goûts à moi, ton K.mi qui t’aime (un peu comme un gosse qui fait popo et qui est fier et émerveillé de le montrer à tout le monde.)

Je vous l’introduis tout entier

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La première heure de jeu est juste géniale.
En 2007, Bioshock avait révolutionné notre petit monde avec son univers ultra original non seulement pour un jeu vidéo mais pour un média de divertissement au sens large. Avec son histoire adulte et la réflexion apportée autours, son ambiance, ses Big Daddy, sa narration interactive… Le titre d’Irrationnal est devenu culte. Après un Bioshock 2 sans intérêt si ce n’est commercial et développé par une autre équipe, la team d’origine, Irrational Games, remet le couvert pour ce Bioshock Infinite écrit lui aussi par Ken Levine.

Le pitch dans ta potch

1912, Booker DeWitt est envoyé à Columbia par un mystérieux commanditaire dans l’optique de récupérer une certaine Elizabeth. S’il la ramène saine et sauve à New York il effacera ses importantes dettes… Petit détail : Columbia est une citée secrète, détachée de tout gouvernement et qui flotte dans les airs.

Attardons-nous là-dessus (enfin, moi, surtout…)

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La direction artistique passe toujours par des affiches de propagande très bien réalisées.
La première heure de jeu de Bioshock Infinite est l’une des meilleures à laquelle j’ai pu jouer de ma vie en terme de découverte d’univers. De petites références amusantes au premier Bioshock, une direction artistique magistrale, un choix de couleurs qui en impose, j’ai pris une grosse claque lors de mes premiers pas dans Columbia alors en pleine fête foraine. Une ambiance qui dépayse, qui émerveille (sauf Fylo) et qui laissait présager du meilleur.

Seulement, autant le dire tout de suite, le jeu est loin d’atteindre le statut du premier épisode à mes yeux. Ma principale crainte était d’avoir droit à un Bioshock dans les airs et il faudrait quand même être de sacrément mauvaise foi pour dire que ce n’est pas le cas. Tellement de choses sont là « pour faire comme Bioshock » qu’il m’est extrêmement difficile de ne pas penser que cet Infinite n’est finalement qu’un jeu commercial, telle une énième suite d’une licence, presque sans identité propre.

Un vulgaire skin aérien sur Bioshock, oui, après avoir fini Infinite, c’est à peu de choses près ce que j’en pense. Je ne nie pas les efforts apportés pour s’en démarquer, mais ils sont en finalité que des ajouts presque sans intérêt à une mécanique complètement calquée et qui était vouée à rester originale et sans suite. Avec ce titre, Ken Levine se trahi lui-même, trahi son propre travail et sa propre volonté d’avoir voulu réaliser avec Bioshock une œuvre unique à contre courant de tout ce qui se faisait. Il trahi toute l’obstination qu’il a eu avec son équipe à faire sortir cette histoire dans Rapture alors que les éditeurs voulaient du FPS de guerre lambda pour vendre. Oui, Bioshock Infinite est « pour faire comme Bioshock » et donc vendre comme lui. Celui-là ils n’ont pas eu à se battre pour le sortir. Et s’il arrive à se sauver par quelques très bons aspects, ça tient du miracle.

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Le design semi-réaliste d’Elizabeth fait mouche.
Dans Columbia, on ramasse des audiophones pour suivre l’histoire, pourquoi faire ? « Pour faire comme Bioshock« . Sauf que si nous cherchions à savoir comment Rapture en était arrivée à la ruine qu’elle était lorsque nous la foulions, Columbia est à son apogée et c’est nous qui allons la ruiner. Nul besoin de ramasser des audiophones pour savoir ce qu’il s’est passé, puisque nous sommes les témoins (voire les acteurs) direct des événements. Ce qui rend les audiophones anecdotiques mêmes pour ceux qui sont attachés au scénario, en les trouvant on découvrira simplement de petits détails qui n’ont pas d’importance réelle.

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Les  »toniques » (pouvoirs magiques) sont des boissons aux bouteilles customisées.
Dans Columbia, on ramasse des fioles de boissons qui donnent des pouvoirs magiques. Pourquoi faire ? « Pour faire comme Bioshock« . S’ils sont ici mieux amenés que dans Rapture où notre héros se faisait de manière totalement incohérente une grosse piqûre de Plasmide, ici c’est une boisson que Booker s’enfile simplement pour goûter, ce qui reste plausible. Le problème c’est que si les pouvoirs sont parfois amusants, à l’époque ils s’intégraient au gameplay et à l’histoire avec l’ADAM que récoltaient les petites sœurs, ce n’est pas le cas dans cette histoire. Les pouvoirs sont à Columbia comme un cheveu est sur la soupe.

Dans Columbia on est parfois confronté à des espèces de gros bonhommes un peu robotiques (j’ai même oublié leur nom, c’est dire). Pourquoi faire ? « Pour faire comme Bioshock« , où les Big Daddy offraient des confrontations épiques et mémorables, difficiles, mais au libre arbitre des joueurs. Dans Infinite les Big Daddy-like sont non seulement moins charismatiques mais en plus ils ne servent à rien et sont faciles à battre, ce qui les rend encore plus inutiles. – Jouer aux deux jeux en mode normal est assez troublant, la facilité ayant été boostée. Alors oui il y a un mode « 1999 » débloquable mais seulement lorsqu’on a fini le jeu une fois… – Inutile comme le songbird, geôlier impressionnant d’Elizabeth qui n’est là que pour deux ou trois phases scriptées tel n’importe quel Call of Duty venu et faire une apparition à la fin.

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Si l’endoctrinement est cette fois religieux, il reste à nouveau le thème principal d’une grosse partie de l’aventure.

Dans Columbia, un prophète dirige la ville ce qui nous propose une réflexion sur l’endoctrinement. Ca vous rappelle quelque chose ? Bon sang mais c’est bien sûr ! Rapture dans Bioshock ! Même le scénario louche grandement sur son ainé, s’il se démarque sur la fin (j’y reviendrai) le fil rouge scénaristique est tout de même similaire sur bien des points.

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Le côté aérien du jeu fait plus partie du design que du gameplay.
J’ai tellement de mal à encaisser tous ces aspects, je me refuse d’accepter l’exploitation d’un jeu comme Bioshock, le fait qu’il soit devenu une vulgaire licence. C’est tellement contraire aux ambitions de base d’un Ken Levine qui n’hésite pourtant pas à annuler un film sur Bioshock et les thunes qui vont avec parce qu’il jugeait la qualité trop mauvaise…

Même l’aérotram et ses rails dans les cieux qui semblaient être une très grosse part du gameplay ne sont au final qu’anecdotiques. Et je ne parle pas des phases de shoot, extrêmement nombreuses (trop, oserais-je dire) et pourtant sans vraiment de sensations sûrement dû au fait d’avoir l’impression de diriger une caméra qui flotte. Le héros n’a pas de jambes. Si l’équipe de développement s’efforce de rendre les thèmes approchés adultes, modernes, il faudrait peut-être aussi adapter le game design et le faire sortir des années 90…

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Infinite est indéniablement un shooter.
Bioshock Infinite est un beau gâchis mais il a tout de même des qualités. A commencer par sa direction artistique, remarquable, je le répète. Sa VF est très bonne avec principalement un Guillaume Orsat – doubleur officiel d’un nombre incroyable d’acteurs anglophones – au doublage de Booker, beaucoup reconnaitront son timbre de voix si particulier que l’on a tous forcément entendu quelque part tant le CV du mec est rempli.
Et puis nous sommes accompagné tout au long de l’aventure par Elizabeth. Si son I.A. est un peu plus avancée qu’un clébard de coéquipier lambda, il faut quand même avouer que son intérêt est surtout scénaristique puisque son maniement des failles temporelles offre quelques moments qui viennent un peu démarquer l’ensemble de l’histoire pour lui offrir une identité propre, enfin ! J’ai aussi beaucoup apprécié les très brefs mais francs passages où le racisme est abordé de plein fouet. C’est sans doute là une des premières fois dans un jeu vidéo que le sujet est traité alors que les personnages sont tous humains. On parle de noirs et de blancs. Pas d’une race extraterrestre qui se comporte mal envers une autre…

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Le maniement des failles temporelles offrent parfois des clins d’oeil amusants (celui-ci est mal adapté dans la VF d’ailleurs, ce qui est honteux).
Reste la fin, oh oui, la fin… Je ne sais toujours pas quoi en penser. Originale ça c’est sûr, complètement nawak ça c’est possible aussi… Sans vouloir spoiler, disons que le maniement des failles temporelles d’Elizabeth offre quelque chose d’assez alambiqué. Pas suffisant à mon goût pour relever le niveau tellement en dessous de ce qu’il aurait dû être…

Bioshock Infinite est tout de même à faire au moins une fois dans sa vie, juste pour sa première heure de jeu et éventuellement son dernier quart d’heure (si vous aimez le grand-guignolesque). Pour ce qui se passe au milieu, c’est majoritairement « pour faire comme Bioshock« , ce qui n’a aucun intérêt. (Mention bien tout de même pour Rosalind et Robert, drôles et inattendus.) Et si vous me jugez sévère, peut-être que c’est parce que je refuse de juger un Bioshock de l’équipe d’origine comme un énième Call of Duty, ils auraient pu faire tellement, tellement, tellement mieux. Vite, qu’ils se mettent sur un titre original pour la prochaine génération et qu’ils laissent 2K essorer la licence Bioshock dans leur coin.

Les trucs à ressortir en société pour susciter de nombreux fantasmes chez les personnes de ton choix

– Un employé d’Irrational a voulu démissionner au cours du développement du jeu, choqué par sa représentation de la religion. Ken Levine et lui ont discuté pendant plusieurs heures de la foi et de tout ce qui va avec, l’employé en question est ainsi revenu sur sa décision et le jeu s’en est parait-il retrouvé amélioré. Honnêtement, ça ne se voit pas particulièrement, l’aspect religieux ressemble beaucoup à l’endoctrinement dont étaient victimes les anciens habitants de Rapture… Rien d’exceptionnel.

– Des jaquettes alternatives sont disponibles à cette adresse, il vous suffit d’une bonne imprimante.

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