Alerte Enlèvement : Le J-RPG a disparu

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Depuis près d’un an, le J-RPG a complètement disparu de la surface de la Terre… Et jusqu’à maintenant, personne ne s’est inquiété.

Ces J-RPG d’Amérique

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FFVII est sans doute aujourd’hui, l’un des jeux les plus mythique de l’histoire… tous genres confondus.
Le J-RPG est un genre qui, aussi loin que je m’en souvienne, a toujours été très populaire. Certains de ses représentants, comme Final Fantasy VII, Chrono Trigger ou Xenogears sont même entrés dans la légende comme étant des titres majeurs de l’histoire du jeu vidéo. Pourtant, le passage à la haute définition semble avoir fait beaucoup de mal au genre. Cela ne s’est toutefois pas ressenti immédiatement ; bien au contraire. Ce sursis est sûrement à imputer à Microsoft qui, désireux de réussir enfin à percer au Japon, a soutenu bon nombre de projets sur l’archipel nippon. De 2006 à 2009, la Xbox 360 nous a abreuvé de titres de qualité, comme Lost Odyssey, Blue Dragon, Eternal Sonata et Enchanted Arms ; ainsi que quelques autres moindres (The Last Remnant, Infinite Undiscovery, Star Ocean…).

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Tales of Vesperia est indiscutablement le meilleur J-RPG de ces dernières années. Indispensable !
2009 restera d’ailleurs sans doute le point culminant du genre sur la console américaine, notamment avec la sortie de Tales of Vesperia, indéniablement le meilleur représentant du J-RPG sur cette génération de consoles. Puis, la firme de Redmond semble s’être avoué vaincue, se rendant à l’évidence qu’il n’y a pas de place pour eux au pays du soleil levant. Dès lors, les jeux japonais dans leur ensemble sont devenus plus rares (hormis ceux des éditeurs occidentalisés, comme Capcom ou Namco Bandai) et les J-RPG en particulier ont presque complètement disparus. Les derniers en date, furent l’excellent mais particulièrement hardcore Resonance of Fate et le misérable, pathétique et méprisable Final Fantasy XIII. C’était en mars 2010… ça commence à dater, non ?

Les japonaises pas mieux loties

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La PS3 propose encore quelques J-RPG de temps à autres… mais v’la les bouses !
Du côté de la PS3, le constat n’est guère moins alarmant. Certes, la console de Sony, favorisé par sa nationalité japonaise, nous propose encore quelques J-RPG de temps à autres. Mais il faut bien avouer que les White Knight Chronicles et autres Ar Tonelico Qoga ne font rêver personne. Finalement, les derniers J-RPG d’envergure de la Playstation sont exactement les mêmes que chez la concurrence : Resonance of Fate et Final Fantasy XIII, au premier trimestre 2010. Alors certes, la console de Sony a au moins l’avantage d’avoir un gros J-RPG à venir dans ses tiroirs, en la personne de Tales of Xillia (non je ne citerai pas Final Fantasy XIII-2, après la calamité qu’ils nous ont pondu la dernière fois, leur merde est moins bandante qu’un jeu Davilex en son temps), mais le titre n’étant prévu que pour le mois de septembre au Japon, nous autres occidentaux ne semblons pas prêts de le voir débarquer dans nos contrées avant un bon bout de temps. Et puis, un représentant de poids tous les trois ans, ce n’est pas ce qui replacera le genre sur la voie de la guérison.

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Nintendo a balancé trois pauvres images vite fait de leur Pandora’s Tower l’année dernière… puis plus rien. Il va finir par rejoindre le Vitality Sensor aux oubliettes si ça continue.
Au final, il n’y a guère que la Wii qui s’en sort honorablement. Ou plutôt, il n’y a guère que la Wii pour donner un peu d’espoir aux fans. Car si elle semble bien en passe de redonner des couleurs au genre (avec Xenoblade Chronicles en septembre prochain et le couple Last Story/Pandora’s Tower, probablement en 2012), le passif de la console ne fait pas non plus rêver. Car si on excepte les nombreux remakes proposés sur le wiiware, il faut remonter jusqu’à 2009 et au tout juste sympathique Tales of Symphonia, pour trouver du J-RPG d’envergure sur la console de Nintendo. Toujours est-il que si la Wii a mis du temps pour satisfaire les afficionados, elle se pose aujourd’hui comme la console indispensable si on veut à nouveau arpenter des mondes remplies de bestioles curieuses avec une troupe d’énergumène androgyne aux cheveux violets et roses. Un comble, ou peut-être le signe d’un destin commun, pour une console qui a perdu tout soutien de son constructeur, et semble destinée à mourir rapidement, dans l’indifférence la plus totale.

Un archipel en berne

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Greg Zeschuk propose une analyse facile, mais très juste sur le J-RPG. Mais bon, ce serait bien aussi que Bioware se remette à faire du RPG avant de critiquer les autres.
Les raisons de cette débâcle, on les connaît. A l’image de l’industrie du jeu japonaise dans son ensemble, les J-RPG n’ont pas su renouveler. La grande majorité s’accrochent à des acquis datant de la Playstation 2, et n’ont fait évoluer ni les graphismes (ou tout juste), ni les mécaniques de jeu (ou alors dans le mauvais sens… genre les couloirs de FFXIII), ni les univers toujours trop naïfs. Un fléau parfaitement résumé par Greg Zeschuk, de Bioware, dans une interview donnée à Destructoid : « Le déclin du JRPG est dû, pour une large part, à son manque d’évolution, à son absence de progrès. Ils n’ont cessé de proposer la même chose, encore et encore. Ils améliorent le style vestimentaire, ils sont plus jolis, mais cela reste la même expérience ». Alors bien sûr, si le J-RPG peut renaître de ses cendres, il ne doit pas pour autant devenir du Western RPG. Personne ne demande à Square, Monolith ou Mistwalker de faire du Fallout ou du Elder Scrolls, je pense que ce serait la pire chose qui pourrait lui arriver. Mais il est clair qu’il doit s’en inspirer, ne serait-ce que pour gagner en maturité (au sens premier du terme) et proposer des jeux avant tout destinés aux adultes et non plus aux adolescents exclusivement.

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Pour moi, le tour par tour reste le gameplay le plus efficace pour un jeu de rôle… qu’il soit japonais ou occidental. Mais je dois bien être le seul à penser cela dans ce monde de bourrins.
Pour revenir sur le devant de la scène, il y a de grandes chances également (même si je le déplore), que les J-RPG doivent abandonner les combats au tour par tour au profit d’un temps réel ou semi-réel. Bien sûr, on perdrait ainsi énormément en richesse et en profondeur de jeu, mais on gagnerait en bourrin-attitude, à button masher comme un malade, façon Oblivion ou The Witcher. Certes, dis comme ça, ça n’a rien de très réjouissant, mais c’est la mode aujourd’hui… la réflexion, comme la lecture ou, de manière générale, tout ce qui n’est pas dans l’instantanéité, est banni de notre société, et malheur à qui sortirait des sentiers battus. Bref, étant un grand partisan du Japanese RPG, je ne peux que pleurer sa disparition. Je m’accroche à mes chimères, me contentant d’un ou deux titres tous les deux ans, en croyant dur comme fer que le J-RPG et le style japonais en général, ne peut pas mourir. Ils reviendront sûrement aux affaires, mais y a peu de chances que ça se passe sur cette génération.
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